- potentat
-
• 1554; « souveraineté » 1370; bas lat. potentatus « pouvoir souverain »; de potens « puissant »1 ♦ Celui qui a la souveraineté absolue dans un grand État. ⇒ monarque, souverain , tyran. « La même ambition allume une guerre entre deux Potentats » (Cyrano).2 ♦ Homme qui possède un pouvoir excessif, absolu. « Ces petits potentats de province dont la cupidité, l'inconscience et l'avarice décimaient des générations de femmes et d'enfants » (Bernanos).potentatn. m.d1./d Personne qui dirige un grand état avec le pouvoir absolu.d2./d Fig. Homme qui exerce un pouvoir absolu.⇒POTENTAT, subst. masc.A. —Souverain absolu d'un grand État. Les potentats de l'Asie. Demandez à un berger écossois s'il voudroit changer son sort contre le premier potentat de la terre? (CHATEAUBR., Génie, t.1, 1803, p.222). Eh bien! des potentats ce formidable maître [Napoléon Ier] Dans l'espoir de sa mort par le ciel fut trompé (HUGO, Odes et ball., 1828, p.195). Copernic est vraiment l'auteur du véritable système du monde, et son nom restera respecté jusqu'à la fin des siècles. Ce grand homme n'était ni potentat, ni prince, ni personnage officiel, ni affublé de titres plus ou moins sonores et plus ou moins creux (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p.431).♦Faire le potentat. Faire l'important. Vernouillet [parlant de Célimare]: Monsieur a la déplorable habitude d'imposer sa personnalité. Bocardon: Il fait le potentat; je soutiens, moi, qu'il est deux heures un quart (LABICHE, Célimare, 1863, III, 11, p.133).♦Il tranche du potentat. ,,Il affecte une importance qui ne lui appartient pas`` (Ac.).B. —P. ext., souvent avec une nuance péj.1. Celui qui exerce un pouvoir despotique, tyrannique. Synon. despote, tyran. Vous n'ignorez pas qu'à cette époque, votre roi Louis XIV, croyant qu'il suffisait d'un geste de potentat pour faire rentrer les Pyrénées sous terre, avait imposé le duc d'Anjou, son petit-fils, aux Espagnols (VERNE, Vingt mille lieues, t.2, 1870, p.914). Vous savez mon loyalisme envers vous, mais à force d'imposer votre volonté, vous êtes devenu draconien, potentat, roi absolu (LA VARENDE, Dern. fête, 1953, p.227).2. Personnage important, qui possède un pouvoir excessif (du fait de sa richesse, de sa situation hiérarchique ou sociale). Il se tient à genoux devant un vieillard à barbe de patriarche, quelque haut potentat de l'Église (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p.317). Ces deux cent mille francs que son père gagnait chaque année dans les soieries lui valaient le respect et les saluts des gens de son quartier, et faisaient des siens les potentats de leur village (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.200). Système de voies ferrées, désignées sous le nom des potentats des finances qui les dirigent (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.255).— P. anal., dans le domaine artist. Personnage important du fait de sa réussite. Devant le Coureur cycliste [de Maillol] (...) le potentat du modelé [Rodin] avoua: «Je ne vous aurais pas cru capable de faire ça.» (J. CLADEL, Maillol, 1937, p.82).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1372-74 «souveraineté, gouvernement autocratique non héréditaire» (ORESME, Livre de politiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, p.367); 2. 1554 «prince souverain» (Papiers d'État du Cardinal de Granvelle, publ. sous la dir. de Ch. Weiss, t.4, 1843, p.322); 3. 1798 (Ac.: On dit cependant en style badin: C'est un petit Potentat; il se croit Potentat; il tranche du Potentat, pour dire, Il affecte une importance qui ne lui appartient pas). Empr. au lat. médiév. potentatus «pouvoir seigneurial, force, puissance, prince souverain» (NIERM. et DU CANGE) dér. de potens «puissant» sur le modèle de mots comme magistratus (magistrat). Fréq. abs. littér.:74. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.382. —VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.290.
potentat [pɔtɑ̃ta] n. m.ÉTYM. 1554; « souveraineté », 1370; du bas lat. potentatus « pouvoir souverain »; dér. de potens « puissant ».❖1 Celui qui a la souveraineté absolue dans un grand État. ⇒ Monarque, souverain, tyran. — REM. Le mot est devenu péjoratif et comporte l'idée de pouvoir despotique, tyrannique. — Vx. || Gouverner « en digne potentat » (→ Indépendance, cit. 14, Corneille). — Hist. || Les potentats de l'ancienne Asie.1 L'ambition allume une querelle entre deux Comédiens; la même ambition allume une guerre entre deux Potentats.Cyrano de Bergerac, le Pédant joué, V, 10.2 (Déb. XXe). Homme qui possède un pouvoir excessif, absolu (du fait de sa situation sociale, de sa richesse); personnage important. || C'est un véritable potentat dans son village. || « Les patrons qui faisaient encore figure de potentats… » (→ Balayer, cit. 16).2 (…) nous accepterons même de nous reporter au dernier siècle, lorsque la législation ouvrière n'existait pas. Nous pensons à l'un quelconque de ces petits potentats de province dont la cupidité, l'inconscience et l'avarice décimaient des générations de femmes et d'enfants, accablés par un travail qui dépassait leurs faibles forces, et auxquels un salaire dérisoire permettait à peine de ne pas mourir de faim.Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 207.♦ Vieilli. || Se croire un potentat, trancher du potentat : faire l'important. — REM. Le fém. potentate (Léon Bloy, le Désespéré, p. 212) est inusité.
Encyclopédie Universelle. 2012.